A U T E U R Oumar SY
Coordonnateur de la CEFE au MEPN |
Un besoin exprimé par les acteurs de l’école
Les enseignants des écoles de la périphérie
du Parc National de la Langue de Barbarie sont sensibles aux problèmes
que vit le Parc. Ils aimeraient bien participer, avec leurs élèves
aux activités de conservation des ressources naturelles et
culturelles de leur terroir. Ils s’en sont ouverts aux membres
de la coopération franco-allemande qui apportent une assistance
technique, scientifique et matérielle au parc. L’idée
est soumise aux conservateurs du parc, à la Cellule d’Education
et de Formation Environnementale du Ministère de l’Environnement
et de la Protection de la Nature ainsi qu’à l’inspection
d’académie de Saint-Louis.
C’est ainsi que commence le projet expérimental d’EE
de la zone périphérique du Parc National de la Langue
de Barbarie situé dans le Bas Delta du Fleuve Sénégal.
Le bas delta du fleuve Sénégal, un condensé
des problèmes écologiques et environnementaux
Le Bas Delta du Fleuve Sénégal, situé à
la frontière Sénégalo-mauritanienne est affecté
par des mutations écologiques, sociales et économiques
de grande envergure. Ceci est le fait des déficits pluviométriques
récurrents depuis les années 73 et de l’édification
des barrages de Diama (Sénégal) et Manantali (Mali).
Ces phénomènes naturels et anthropiques ont beaucoup
influé sur le régime hydrologique du fleuve Sénégal.
Ils ont également accentué la dégradation progressive
des habitats naturels et compromis l’intégrité
des écosystèmes côtiers et marins naguère
si riches en biodiversité animale et végétale.
C’est au cœur de cet espace qu’a été
créé le Parc National de la Langue de Barbarie.
Un parc riche de sa diversité biologique mais soumis à
la pression des populations locales
Le Parc National de la Langue de Barbarie est situé à
proximité de Saint-Louis, vieille cité coloniale,
ancienne capitale du Sénégal et de l’Afrique
Occidentale Française (AOF).
Le parc doit son nom à la présence massive de figuiers
de barbarie dont les fruits étaient très convoités
par les populations locales et les colons français. Il a
été créé pour inverser les tendances
régressives de la biodiversité animale et végétale,
offrant ainsi à la faune du nord ses derniers refuges et
à l’avifaune migratrice du paléarctique occidental
ses quartiers d’hiver. Préserver les sites de ponte
des tortues marines et les sites d’alimentation et de reproduction
des colonies d’oiseaux migrateurs, telle était la fonction
principale du PNLB.
Le parc abrite une biodiversité riche en mammifères
(lièvres, mangoustes, zorilles, écureuils) ; en reptiles
(varans du Nil, vipères, couleuvres) ; une grande diversité
de tortues marines ; en poissons (mulets, carpes, avec quelques
excursions de dauphins et de phoques moines) ; en avifaunes (limicoles,
ardeidaes, pelicanidaes, lavridae…) et en essences floristiques
(prosopis, filaos, mangrove…).
Quinze villages ceinturent ce parc. Les populations qui y vivent
s’adonnent principalement à la pêche, au maraîchage,
à l’élevage et à la récolte du
sel. Elles dépendent largement des ressources naturelles
du parc qu’elles convoitent et auxquelles elles n’accèdent
pas souvent. Ce qui crée des frustrations et des conflits
avec les gestionnaires officiels du parc.
De plus, le parc reste soumis à diverses agressions : utilisation
de moyens de pêche prohibés (senne de plage), déboisement
de la mangrove, exploitation irrationnelle du sel, capture des oiseaux
et ramassage des tortues et des œufs, etc.
La participation et le partenariat comme stratégies de
conservation
Pour faire face à ces agressions et pérenniser les
actions de conservation durable des ressources du parc, les conservateurs
ont privilégié une démarche participative et
partenariale. Il s’agit d’amener les populations riveraines
du parc à comprendre les enjeux liés à la conservation
des ressources du parc afin qu’elles s’engagent à
participer à cette conservation. En contre partie, elles
participent à la mise en place de mécanismes de gestion
du parc, elles bénéficient de certaines formes d’exploitation
des richesses du parc et le développement d’activités
alternatives : l’écotourisme, le guidage, les ballades
en pirogues, la restauration sur les sites, l’artisanat.
Mais malgré ces efforts, le niveau de prise de conscience
des populations par rapport à leurs responsabilités
vis-à-vis du parc reste encore faible. L’école
peut aider à renforcer cette prise de conscience en faisant
des élèves des véhicules de l’information
environnementale.
L’école, un trait d’union entre le parc et
la population…
Le parc veut se servir de l’école pour susciter une
dynamique de responsabilisation des enfants et à travers
eux, des adultes, pour la sauvegarde du patrimoine naturel, culturel,
social et historique de leur terroir.
Pour ce faire, le projet expérimental d’EE vise trois
objectifs principaux :
- Faire bien connaître le parc, ses richesses naturelles,
ses paysages en vue de les apprécier et de s’engager
à les protéger et à les valoriser.
- Susciter auprès des populations riveraines des activités
de conservation durable et de valorisation des ressources naturelles
et culturelles locales.
- Améliorer la qualité des enseignements -
apprentissages par l’enrichissement des programmes d’étude,
la promotion des méthodes actives et la fourniture d’outils
et supports pédagogiques attrayants.
La stratégie de mise en œuvre s’est construite
autour d’un processus itératif et partenarial. Les
enseignants des écoles, les inspecteurs de l’enseignement,
les conservateurs du parc, les services techniques du Ministère
de l’Environnement et de la Protection de la Nature, les parents
d’élèves, les élus locaux, la coopération
technique franco-allemande ont tous été parties prenantes
de ce processus.
D’abord c’est un atelier de conceptualisation qui a
permis d’élaborer les outils conceptuels et méthodologiques
du projet. C’est ainsi que des grandes thématiques
ont été choisies : les oiseaux, l’eau, les arbres,
les déchets. Des modules d’enseignement - apprentissage
ont été construits autour de ces thématiques.
Les compétences à faire acquérir, les objectifs
d’enseignement, les contenus, les approches et démarches,
les supports et outils pédagogiques, les modalités
d’évaluation, ont été déterminés
et explicités.
Ensuite un atelier de formation des maîtres et des autres
acteurs impliqués dans la mise en œuvre du programme
a été organisé pendant cinq jours. Cet atelier
a surtout servi à faire approprier le projet par les publics
- cibles, à intégrer les modules aux répartitions
mensuelles et aux emplois du temps et à construire les planifications
pédagogiques intégrant les activités intra
et extra-muros.
Cet atelier a été également un fort moment
d’échanges entre divers acteurs et partenaires appelés
à travailler ensemble.
Le projet expérimental d’éducation à
l’environnement du Parc National de la Langue de Barbarie
concerne 4 écoles, pour 50 enseignants et près de
3.000 élèves. La phase - test se termine en juin 2007.
A cette date, il est prévu une grande cérémonie
durant laquelle les élèves, leurs maîtres et
leurs parents exposeront leurs réalisations qui serviront
d’éléments d’évaluation du projet.
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