Volume 1, no.3, PRINTEMPS 2007

Collectifs nationaux

Projet expérimental d’Education Environnementale dans la zone périphérique du Parc National de la Langue de Barbarie

Sénégal

A U T E U R

Oumar SY
Coordonnateur de la CEFE au MEPN

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Un besoin exprimé par les acteurs de l’école

Les enseignants des écoles de la périphérie du Parc National de la Langue de Barbarie sont sensibles aux problèmes que vit le Parc. Ils aimeraient bien participer, avec leurs élèves aux activités de conservation des ressources naturelles et culturelles de leur terroir. Ils s’en sont ouverts aux membres de la coopération franco-allemande qui apportent une assistance technique, scientifique et matérielle au parc. L’idée est soumise aux conservateurs du parc, à la Cellule d’Education et de Formation Environnementale du Ministère de l’Environnement et de la Protection de la Nature ainsi qu’à l’inspection d’académie de Saint-Louis.

C’est ainsi que commence le projet expérimental d’EE de la zone périphérique du Parc National de la Langue de Barbarie situé dans le Bas Delta du Fleuve Sénégal.

Le bas delta du fleuve Sénégal, un condensé des problèmes écologiques et environnementaux

Le Bas Delta du Fleuve Sénégal, situé à la frontière Sénégalo-mauritanienne est affecté par des mutations écologiques, sociales et économiques de grande envergure. Ceci est le fait des déficits pluviométriques récurrents depuis les années 73 et de l’édification des barrages de Diama (Sénégal) et Manantali (Mali). Ces phénomènes naturels et anthropiques ont beaucoup influé sur le régime hydrologique du fleuve Sénégal. Ils ont également accentué la dégradation progressive des habitats naturels et compromis l’intégrité des écosystèmes côtiers et marins naguère si riches en biodiversité animale et végétale. C’est au cœur de cet espace qu’a été créé le Parc National de la Langue de Barbarie.

Un parc riche de sa diversité biologique mais soumis à la pression des populations locales

Le Parc National de la Langue de Barbarie est situé à proximité de Saint-Louis, vieille cité coloniale, ancienne capitale du Sénégal et de l’Afrique Occidentale Française (AOF).
Le parc doit son nom à la présence massive de figuiers de barbarie dont les fruits étaient très convoités par les populations locales et les colons français. Il a été créé pour inverser les tendances régressives de la biodiversité animale et végétale, offrant ainsi à la faune du nord ses derniers refuges et à l’avifaune migratrice du paléarctique occidental ses quartiers d’hiver. Préserver les sites de ponte des tortues marines et les sites d’alimentation et de reproduction des colonies d’oiseaux migrateurs, telle était la fonction principale du PNLB.

Le parc abrite une biodiversité riche en mammifères (lièvres, mangoustes, zorilles, écureuils) ; en reptiles (varans du Nil, vipères, couleuvres) ; une grande diversité de tortues marines ; en poissons (mulets, carpes, avec quelques excursions de dauphins et de phoques moines) ; en avifaunes (limicoles, ardeidaes, pelicanidaes, lavridae…) et en essences floristiques (prosopis, filaos, mangrove…).

Quinze villages ceinturent ce parc. Les populations qui y vivent s’adonnent principalement à la pêche, au maraîchage, à l’élevage et à la récolte du sel. Elles dépendent largement des ressources naturelles du parc qu’elles convoitent et auxquelles elles n’accèdent pas souvent. Ce qui crée des frustrations et des conflits avec les gestionnaires officiels du parc.

De plus, le parc reste soumis à diverses agressions : utilisation de moyens de pêche prohibés (senne de plage), déboisement de la mangrove, exploitation irrationnelle du sel, capture des oiseaux et ramassage des tortues et des œufs, etc.

La participation et le partenariat comme stratégies de conservation

Pour faire face à ces agressions et pérenniser les actions de conservation durable des ressources du parc, les conservateurs ont privilégié une démarche participative et partenariale. Il s’agit d’amener les populations riveraines du parc à comprendre les enjeux liés à la conservation des ressources du parc afin qu’elles s’engagent à participer à cette conservation. En contre partie, elles participent à la mise en place de mécanismes de gestion du parc, elles bénéficient de certaines formes d’exploitation des richesses du parc et le développement d’activités alternatives : l’écotourisme, le guidage, les ballades en pirogues, la restauration sur les sites, l’artisanat.

Mais malgré ces efforts, le niveau de prise de conscience des populations par rapport à leurs responsabilités vis-à-vis du parc reste encore faible. L’école peut aider à renforcer cette prise de conscience en faisant des élèves des véhicules de l’information environnementale.

L’école, un trait d’union entre le parc et la population…

Le parc veut se servir de l’école pour susciter une dynamique de responsabilisation des enfants et à travers eux, des adultes, pour la sauvegarde du patrimoine naturel, culturel, social et historique de leur terroir.


Pour ce faire, le projet expérimental d’EE vise trois objectifs principaux :

  • Faire bien connaître le parc, ses richesses naturelles, ses paysages en vue de les apprécier et de s’engager à les protéger et à les valoriser.
  • Susciter auprès des populations riveraines des activités de conservation durable et de valorisation des ressources naturelles et culturelles locales.
  • Améliorer la qualité des enseignements - apprentissages par l’enrichissement des programmes d’étude, la promotion des méthodes actives et la fourniture d’outils et supports pédagogiques attrayants.

La stratégie de mise en œuvre s’est construite autour d’un processus itératif et partenarial. Les enseignants des écoles, les inspecteurs de l’enseignement, les conservateurs du parc, les services techniques du Ministère de l’Environnement et de la Protection de la Nature, les parents d’élèves, les élus locaux, la coopération technique franco-allemande ont tous été parties prenantes de ce processus.

D’abord c’est un atelier de conceptualisation qui a permis d’élaborer les outils conceptuels et méthodologiques du projet. C’est ainsi que des grandes thématiques ont été choisies : les oiseaux, l’eau, les arbres, les déchets. Des modules d’enseignement - apprentissage ont été construits autour de ces thématiques. Les compétences à faire acquérir, les objectifs d’enseignement, les contenus, les approches et démarches, les supports et outils pédagogiques, les modalités d’évaluation, ont été déterminés et explicités.

Ensuite un atelier de formation des maîtres et des autres acteurs impliqués dans la mise en œuvre du programme a été organisé pendant cinq jours. Cet atelier a surtout servi à faire approprier le projet par les publics - cibles, à intégrer les modules aux répartitions mensuelles et aux emplois du temps et à construire les planifications pédagogiques intégrant les activités intra et extra-muros.


Cet atelier a été également un fort moment d’échanges entre divers acteurs et partenaires appelés à travailler ensemble.

Le projet expérimental d’éducation à l’environnement du Parc National de la Langue de Barbarie concerne 4 écoles, pour 50 enseignants et près de 3.000 élèves. La phase - test se termine en juin 2007. A cette date, il est prévu une grande cérémonie durant laquelle les élèves, leurs maîtres et leurs parents exposeront leurs réalisations qui serviront d’éléments d’évaluation du projet.