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A
U T E U R
Arioste Beauvin
Secrétaire Exécutif
Parti Vert Haïtien (PVH)
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Des spécialistes fixent à 15 ans l’échéance
pour la désertification totale d’Haïti, selon
un représentant de CARE-Haïti. M. Robenson Moïse
a en effet présenté la destruction systématique
des ressources ligneuses d’Haïti comme la chronique d’une
mort annoncée de l’écosystème du pays.
« En 1956, 20% de la superficie d’Haïti était
couverte en arbres… Aujourd’hui seulement 1.44% de notre
superficie est encore constituée d’espaces verts. »
Le temps n’est pas à la partisannerie ni aux redondances
mais plutôt à la réflexion, à l’examen
de soi pour sauver un pays. Lorsqu’une nappe de tristesse,
telle une malédiction, semble s’abattre sur une communauté
et toute une région, même les cœurs les plus endurcis
ne peuvent s’empêcher de ressentir les effets des lamentations
qui l’accompagnent. Point besoin de rappeler les Gonaïves,
Mapou, Fonds-Verettes, et d’autres localités qui chaque
jour encore connaissent les déboires de nos négligences.
Ce n’est pourtant pas le moment de baisser les bras et de
dire que l’on ne peut rien contre le destin ! C’est
plutôt l’occasion de se remettre en question et de réfléchir
aux moyens, possible d’empêcher la chute inexorable
d’une nation entière vers un dessert écologique,
énergétique, et alimentaire. Le dicton qui veut que
« tout ce qui n’avance recule’’ s’applique
fort bien au cas particulier d’Haïti qui, depuis trop
longtemps, se contente d’avancer uniquement dans la course
vers l’abîme avec la complicité évidente
de ses citoyens.
Les aspects les plus hideux de ce monde doivent être regardés
avec perspicacité pour arriver à distinguer dans l’obscurité
la plus totale la petite lueur qui existe toujours et qui dirigera
nos pas vers la lumière. Il faut apprendre à regarder
en face les situations les plus difficiles et juger les problèmes
pour en chercher les solutions. Il est possible de s’obstiner
à ne vouloir se plonger que dans les expériences positives
qui peuvent donner le coup de fouet revigorant dans la marche vers
le progrès et un avenir meilleur.
L’environnement physique, social, économique, judiciaire,
politique et institutionnel en Haïti a été généralement
caractérisé par une exploitation et un autoritarisme
systématique et omniprésent de certains groupes sociaux
au détriment de la majorité.
La situation environnementale est très préoccupante
en Haïti. D’autant plus que la dégradation atteint
toutes les régions du pays et qu’elle ne fait qu’accélérer.
Le bilan écologique négatif du pays fait ressortir
un certain niveau de surexploitation des ressources naturelles,
sans souci de leur protection et de leur renouvellement. Résultant
de la non-réglementation des cultures, l’archaïsme
des méthodes de production (et l’utilisation impropre
de certaines terres montagneuses à des fins agricoles) facilitent
l’érosion et la perte quotidienne de volumes considérables
de terre arable. Les ressources forestières et minières
sont mal exploitées et continuellement sur-utilisées,
dévorant goulûment le capital national. Plus de 2/3
des bassins hydrographiques du territoire sont sans protection végétale
et les réserves d’eau sont de plus en plus mises à
contribution pour répondre aux besoins de la population.
L’urbanisation accélérée et la transformation
des villes en bidonville créent une situation dramatique
d’insalubrité.
D’une manière générale, on relève
une déficience en termes de cadre légal et institutionnel.
Or, si on est effectivement conscient, les paroles et les lois qui
en découlent devraient être suivies d’acte concret.
Sur un fond de pauvreté, l’utilisation irrationnelle
de l’espace national, l’archaïsme de nos modes
de production et de consommation, la fragilité constatée
du pays face aux facteurs naturels et le comportement irresponsable
de l’ensemble de la population haïtienne contribuent
à créer un tableau plutôt sombre de la situation
écologie et de la politique écologique haïtienne.
La nature a doté Haïti d’une riche diversité
biologique, de ressources minières et de sites naturels exceptionnels.
Toutefois rappelons que le pays repose sur un complexe géologique
de formation volcanique et sédimentaire. Il est vulnérable
aux cyclones, aux ouragans, aux tremblements de terre. Déjà
fragile, il doit aussi faire face à de nombreux problèmes
de développements. Des activités humaines routinières
et lourdes de conséquences (déboisement, érosion,
bidonvilisation, pollution…) constituent de véritables
gestes prédateurs sur notre environnement.
La gravité de la situation exige une vision collective et
responsable de la gestion de l’environnement qu’il convient
d’intégrer au cœur même des logiques de
l’écologie, de la politique, de l’économie
en vue de changements sociaux très concrets.
Dans la foi, dans les convictions et dans le sens de la citoyenneté,
tout haïtien peut trouver le courage de poser la prochaine
pierre de reconstruction et se convaincre qu’il est vraiment
le maillon d’une chaîne, l’élément
vital de la pierre angulaire.
Il faut adopter une approche corrective globale qui allie la préoccupation
environnementale à la lutte contre la pauvreté pour
un développement durable et économique concret. Chacun
doit être convaincu que le coût de la dégradation
de l’écologie politique justifie une action immédiate.
Et il faut agir vite.
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