Un texte de Nathalie Robitaille, suite à son expérience au Burkina Faso et au Québec
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Le 4 février dernier, j’ai quitté le Québec pour le Burkina Faso avec, dans mes bagages, 210 lettres pleines de questionnements, de curiosité et d’excitation d’élèves québécois et un objectif précis : développer, avec Bafatouma Traoré-Zerbo, un projet de jumelage qui créerait des liens et des ponts entre les enfants du Québec et du Burkina Faso, afin d’établir et de renforcer des relations d’amitié pour ainsi cultiver des sentiments de partage, de respect et d’appartenance à un avenir commun. L’essence du projet : faire découvrir le monde aux enfants par les enfants!
Au départ, le projet devait lier deux écoles québécoises (La Farandole de McMasterville et Buissonnière d’Outremont) et une école de Ouagadougou (La Nouvelle Alliance). Cependant, une idée lumineuse est née de la relation empreinte de complicité et de dynamisme qui s’est rapidement installée entre moi et la fondatrice de l’école de la Nouvelle Alliance, Bafatouma: étendre notre projet de jumelage à d’autres écoles du Burkina.
L’objectif d’associer deux nouvelles écoles burkinabè à notre projet était notamment d'ouvrir le jumelage à d'autres élèves du Burkina Faso. C'est ainsi que les écoles du quartier Samogotji à Tougan, dans le nord-ouest et de Kieryaoghin-Boulbi, un village situé dans la banlieue de Ouagadougou (capitale du Burkina Faso) se sont jointes au projet et ce, avec beaucoup d'enthousiasme. De plus, les différentes provenances des correspondants, permet aux élèves québécois d’avoir une image plus représentative des divers modes de vie et réalités des enfants africains.
Parents informés, parents complices
La première communication était encadrée par les enseignant(e)s. Pour que la correspondance soit viable à long terme, il est très important d’avoir le soutien et la collaboration des parents. À Tougan, nous avons rencontré les parents et/ou tuteurs des jeunes filles correspondantes et leur avons expliqué les nobles objectifs du ce projet.
Avant mon départ, j’ai réalisé de courts films avec les enfants québécois, dans le but de renforcer la qualité des échanges. Les élèves devaient se présenter et illustrer une facette positive de leur Québec. Imaginez les élèves africains dans leur classe surpeuplée et chaude regardant des élèves du Québec dans la neige… Les élèves africains ont beaucoup apprécié ces courts films qui leur permettaient de se sentir plus proche de leur correspondant.
Le 4 mars, j’ai quitté le Burkina avec, dans mes bagages, 210 lettres pleines de questionnements, de curiosité et d’excitation d’élèves africains.
Les vidéos tournées en Afrique me permettent déjà de présenter, aux élèves québécois, leur correspondant africain. Ils me permettent également de nourrir la curiosité face à leur correspondant et d’établir concrètement une relation de complicité. Il est important pour moi de témoigner de l’accueil chaleureux et de la grande générosité des Burkinabè. C’est une expérience très formatrice de vivre quelques temps en Afrique. Il est déstabilisant pour une occidentale de voir, dans une même personne, une extrême pauvreté et un extrême bonheur au fond des yeux. Je vous assure que j’ai croisé plusieurs fois des enfants illustrant ce paradoxe.
Que ce soit au Québec ou au Burkina, les élèves étaient tous aussi excités les uns que les autres à l’idée d’avoir un ami sur l’autre continent. Le pétillement au fond de leurs yeux nous rend très fière de ce projet et dynamise notre désir de faire de cette expérience, un projet d’éducation à la citoyenneté, « le monde, un seul village ».
La prise de conscience de l’existence de préoccupations communes, notamment celles relevant de l’avenir de la planète Terre contribuera à faire de nos enfants des citoyens d’un monde commun, armés à relever ensemble les multiples défis pour une coexistence pacifique.
Le message d’ouverture que nous livre Bafatouma ci-bas en est la preuve éloquente.
Combien de fois l’ignorance des us et coutumes dans les rapports humains ont été à l’origine sinon de conflits mais de mépris de l’autre. La réaction naturelle de repli sur soi face à l’inconnu est souvent cause de blocage du dialogue qui permet bien souvent d’apaiser les rapports sociaux. L’enfant, par essence généreux et ouvert, peut préparer un futur plus harmonieux dans les rapports entre les peuples s’il est dès ce stade outillé pour mieux connaître et son environnement et celui des autres. Le monde devenu un seul village de par les progrès des techniques de communication peut être influencé par la volonté de ces politiques en herbe pour peu qu’ils soient au fait des données clé qui régissent la vie des uns et des autres. Cela est aujourd’hui rendu possible par les échanges et les rencontres entre enfants.
Nous souhaitons permettre, éventuellement, à d’autres élèves québécois et Burkinabè de vivre cette enrichissante expérience de découvertes et d’échanges.
Au plaisir de partager avec vous notre expérience !
Bafatouma Traoré – Zerbo
Fondatrice
École de la Nouvelle Alliance
Coordonnatrice du projet
[email protected]
Nathalie Robitaille
Coordonnatrice du projet
Inhalothérapeute
Conseillère et intervenante en éducation relative à l’environnement
[email protected]
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