Rencontre avec Yves Cochet, Ministre de l’Environnement

- Par quelle expérience personnelle avez-vous été sensibilisé pour la première fois à l’environnement ?

Yves Cochet : « Il y a deux choses : dans les années 70 sévissait la lutte anti-nucléaire en Bretagne. EDF a tenté (en vain ) d’implanter la centrale de Plogoff. Je me suis beaucoup investi dans cette lutte, j’y ai consacré beaucoup de temps. La deuxième chose, c’est qu’on ne pouvait plus disposer d’eau potable en Bretagne quand on ouvrait les robinets. L’eau était polluée, par les lisiers de porc, par les nitrates minéraux des engrais. Ce n’est pas ça, le modernisme ! Le modernisme c’est qu’on ait un air pur, que l’on puisse boire de l’eau du robinet, que l’on soit en bonne santé. Ce sont donc des problèmes de la vie quotidienne, des problèmes réels et concrets, qui ont éveillé mon intérêt pour l’environnement, qui m’ont fait devenir un écolo. »

- Est-ce que vous approuvez ce terme, « écolo. », péjoratif pour certains ?

Yves Cochet : « Absolument, si on dit aussi socialos, cocos, et tous les autres noms qui finissent par « os » (rire discret, œil qui pétille.)»

- Quels sont selon vous les thèmes prioritaires pour l’éducation à l’environnement ?

Yves Cochet : « Sans équivoque ce qui touche à la santé, ce qui menace la santé, cela recouvre donc la pollution chimique, la radioactivité, la qualité des aliments et des produits que nous consommons… »

- Qu’est ce que vous inspire le fait que 1000 personnes du monde francophone se mobilisent sur le thème de l’éducation à l’environnement ?

Yves Cochet : « Je suis agréablement surpris par le caractère considérable de cette mobilisation et la diversité des acteurs représentés. Dans ce domaine, la plus grande urgence est le fossé, le « gap » que l’on constate entre la gravité des problèmes environnementaux actuels et le peu de cas qui en est fait dans les programmes scolaires. C’est une vraie priorité pour nous de combler ce « gap » entre l’éducation traditionnelle et les préoccupations environnementales d’aujourd’hui. Nous voulons mettre l’accent sur l’interférence entre les activités humaines et la nature. On ne vit pas hors-sol. Je suis sur un sol, j’interagis sur mon environnement. Comme le dit Edgar Morin, « L’humanité a cessé d’être une notion sans racine, elle est enracinée dans une patrie de terre, et la terre est désormais en danger ». L’éducation à l’environnement est aussi indispensable que l’apprentissage de la lecture et de l’écriture au 19ème siècle, lors de la révolution industrielle. Ceci doit se traduire par un droit à l’éducation à l’environnement au niveau des Etats. »

- Quelles mesures concrètes ont été prises par le Ministère de l’Environnement en faveur du développement durable ?

Yves Cochet : « Tout d’abord, il ne faut pas perdre de vue le fait que nous agissons dans la durée. Ce grand changement ne se fera ni en 3 ans, ni en 5 ans, cela prendra du temps, mais c’est comme cela que les choses sont les plus exaltantes, non ? Il nous faut l’adhésion des citoyens, des élus, des « décideurs ». L’objectif est d’amener chacun à remettre en cause les modes de production des ressources et à modifier les comportements qui en découlent. C’est dans un contexte de coopération interministérielle et avec l’appui des associations que le Ministère de l’Aménagement du Territoire et de l’Environnement a entrepris une politique d’éducation à l’environnement. L’accompagnement du Comité Français d’Education à l’Environnement s’est traduit par diverses opérations telles que : 100 Défis à Ma Planète, Pavillon Bleu, Adopter un Jardin, Les Classes de Ville, le programme Agir pour l’Environnement, les fermes pédagogiques, les chantiers de bénévoles…Parmi les projets en cours, pourquoi pas une nouvelle session d’assises d’éducation à l’environnement, ou un grand portail sur internet qui réunisse l’ensemble des informations disponibles sur l’environnement ? Nous essayons aussi de proposer des nouvelles formations à l’environnement qui combinent une équipe d’intervenants de divers horizons, et ce tout au long de la vie…Pour mieux avancer, concrètement et durablement, en attendant Planet’ERE 3.

Emilie Noguez et Bertrand Claudy.







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